Au pied de l’alambic du Domaine de Labouc
LABASTIDE D’ARMAGNAC
La famille Clavé a accueilli ses premiers visiteurs, les Béarnais Bernard et Françoise Larrieu (photos Jean-Marie Tinarrage)
Après avoir été démonté, lavé et séché à la fin de la précédente campagne de distillation, l’alambic « Orthes » 1963, fabriqué à Agen, a retrouvé la flamboyance de son habit de cuivre. Et pour cause, ce vendredi matin 18 novembre, Michel (le père), Pascal et Philippe (les fils) ont rallumé la torche à gaz, guettant la moindre fuite de liquide dans la complexe tuyauterie de cette belle machine immatriculée 32 984, arrivée à Labouc en 1993. Suite à l’installation de son fils, Michel Clavé l’a rachetée à un courtier de Nogaro.
Initialement sur roues (pratique pour le remorquer jusqu’à destination), l’alambic a été amarré pour de bon sur un bâti de briques, trouvant logiquement sa place entre chais de vinification et de vieillissement de la « dernière propriété des Landes (et de Nouvelle Aquitaine) avant le Gers« , comme le rappelle Michel. En effet, les égarés se retrouveront à Mauléon d’Armagnac.
De feu et de temps
Après une matinée de mise à température et de réglages, la première eau-de-vie a commencé à couler. Issue du cépage folle-blanche, elle est moins puissante mais plus fleurie que celle du baco qui va lui succéder. Pour lui garder sa transparence, cette « aygue ardente » (45°), est aussitôt mise en bonbonnes de verre puis en bouteilles pour commercialisation.
Le Baco occupera le reste de la période de distillation (jusqu’au jeudi 24 novembre), au rythme de 4 pièces de 420 litres par 24 heures (il faut 5 litres de vin pour obtenir 1 litre d’eau-de-vie). Tous les jours à 10H, un point réglementaire est fait en indiquant le volume distillé et le degré d’alcool : généralement 54-55° mais un peu plus pour les besoins du Floc, autre produit phare du domaine.
L’armagnac 2022 terminera son parcours en fûts de chêne, entreposé pour plusieurs années dans le chai de vieillissement où il gagnera ses lettres de noblesse.
Une affaire de famille
Acheté par l’arrière-grand-père Jean (originaire de Vielle-Soubiran) dans les années 1900, le domaine de Labouc est depuis passé de père en fils : Emile, Michel et aujourd’hui Pascal et Philippe.
Après avoir arrêté l’élevage en 2012, le domaine s’est recentré le vignoble : 20 hectares dont un tiers pour la distillation (Floc de Gascogne et armagnac, maintes fois primés dans les concours) et le reste en vin de qualité. Sévèrement touché par le gel, la grêle et la sécheresse, le vignoble de Labouc retrouve peu à peu ses couleurs, passant d’un rendement d’une cinquantaine d’hectolitres à l’hectare en 2021 à 65-70 cette année. Mais loin encore des 120 hectolitres des belles années.
Jusqu’à jeudi 24b novembre, Michel Clavé et ses fils accueillent les visiteurs au pied de l’alambic. Michel leur racontera l’histoire du domaine où son père Emile a vraiment commencé à distiller en 1944 (6 pièces). À l’époque, l’armagnac permettait d’investir comme en 1957 avec l’achat du premier tracteur, « un Renault » se souvient Michel. Même chose en 1969 où la vente de l’armagnac a permis de terminer leur maison.
C’est l’époque du début de la vente à la bouteille qui se poursuit toujours, au domaine ou dans leur boutique sur la place Royale à Labastide d’Armagnac.
> Contact : 05 58 44 82 32 ou fermedelabouc.com