23 novembre 2024

Eglise : les femmes donnent de la voix

ROQUEFORT – BROCAS LES FORGES

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Le père Louis Cazaux, Claude Garabiol et Cathie Mollet de la commission d’accueil et d’écoute (photo Jean-Marie Tinarrage)

« J’avais 5 ans et tu en avais 50 : tu m’as tout pris« . La lecture de deux témoignages poignants de victimes d’actes pédophiles, extraits du terrible rapport de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise (CIASE), a donné le ton de cette réunion organisée par l’équipe d’animation pastorale Saint-Jacques de Douze et Albret en collaboration avec celles de Notre-Dame du Bas-Armagnac et Saint-Vincent d’Armagnac.

Étaient invitées Claude Garabiol, pédiatre, et Cathie Mollet, juriste, toutes deux membres de la cellule diocésaine d’écoute où siège également le père Louis Cazaux, récemment installé à Roquefort.

Elles ont présenté une synthèse du rapport Sauvé, rendu public le 5 octobre dernier au terme de deux ans et demi de travail : 216 000 enfants et adolescents ont été victimes de violences ou d’agressions sexuelles de la part de religieux ou clercs en France, depuis 1950. S’y ajoutent 114 000 agressions commises lors d’activités organisées par l’Eglise qui est ainsi devenue le deuxième lieu d’agression sexuelle sur les enfants, après la famille.

« On ne voulait pas voir »

« On ne voulait pas voir, il fallait sauver l’institution menacée par la raréfaction des vocations, on méconnaissait la souffrance de l’enfant et les conséquences sur son développement« : voilà pour le chapitre « La Part d’ombre ».

Aujourd’hui, « l’Eglise doit reconnaître sa responsabilité » à travers l’indemnisation au cas par cas des victimes : « ce n’est pas l’essentiel mais c’est indispensable« , tout en continuant à signaler au Parquet tout acte, prescrit ou pas.

Tout aussi claire, directe et sans tabous, la large part d’échange qui clôturait cette réunion a permis d’aborder la sexualité (y a-t-il une écoute pour les religieux ?), la fin du célibat obligatoire des prêtres ou l’ordination des femmes (rabbin, imam ou pasteur se déclinent déjà au féminin) : « la société est diverse mais l’église reste monolithique » pouvait-on entendre.

Une telle réunion, tenue au foyer municipal pour mieux s’ouvrir aux laïques (absents), est comme une passerelle tendue au-dessus du fossé séparant Église et société civile, afin de mettre un terme à l’entre-soi.

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