31 mars 2023

“Branca” : de bois mais pas de marbre

VERT

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Petit à petit, la curiosité fait place à la confiance et les spectateurs entrent dans le spectacle (photos Jean-Marie Tinarrage)

Comme le vendredi 13 août à Vert (puis le lendemain à Lencouacq), il est des spectacles sans paroles qui en disent long. Ainsi de “Branca” (1), de la compagnie éponyme basée à Hendaye, dans lequel Nicolas Julian, seul en scène avec quelques branches de bois flotté, livre une véritable performance.

img_1571.jpgGestes, regard et poésie

On est d’entrée renvoyés au début du peuplement de la terre, lorsque Cromagnon rencontre Néandertal : ils se ressemblent mais ne peuvent pas communiquer. Sinon par gestes, regards et objets interposés. Comme tombé d’une autre planète, Nicolas Julian sort du bois et se retrouve face à son public duquel il se protège en matérialisant aussitôt un cercle avec ses branches.

Puis il regarde, détaille et utilise son formidable regard comme une interface. Parfois dérangeant, toujours interrogatif et peu à peu rassurant. Ne pouvant se mettre à l’abri derrière des mots (dont on connaît la duplicité), il est condamné à la plus grande sincérité. Et d’évoquer par la seule gestuelle et avec beaucoup de poésie, la peur, la vie, l’amour, la naissance : autant de valeurs et sentiments profonds, fondateurs et universels, sur lesquels il n’est finalement pas besoin de mettre des mots.

Les yeux ne trichent pas (l’actuel port du masque nous le montre) et, peu à peu, notre regard sur cet étranger, tout droit sorti de l’inconnu, se modifie. La confiance s’installe,
vert,parc naturel régional des landes de gascogneles morceaux de bois flotté deviennent traits d’union entre les spectateurs qui se lèvent, entraînés dans une grande chenille dont Nicolas est la tête.

Au final, le cercle protecteur du début est devenu fraternel en rapprochant et reliant les hommes entre eux autour de vraies valeurs. Utopie ? Toujours est-il que “Branca”, spectacle sans parole, est un excellent remède contre la langue de bois.

(1) Dans le cadre de la programmation artistique et culturelle «Et ça re-Parc !», réfléchie par le Parc naturel régional des Landes de Gascogne en partenariat avec l’IDDAC Gironde, la Fédération des Cercles de Gascogne et la Forêt d’Art Contemporain.

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