Une promotion d’élèves gendarmes a choisi comme parrain Capdeville
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ESTANG
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Les présents à la cérémonie
Le 10 janvier 2025, les gendarmes de Cazaubon, étaient au carrefour de l‘ancienne gendarmerie pour assurer la sécurité du lieu et assister avec le colonel Philippe de Laforcade, commandant du groupement de gendarmerie du Gers ; le capitaine Éloi Brot , commandant de la compagnie de gendarmerie de Condom ; l’adjudant-chef Cécile Dassat ; Alain Dupuy premier adjoint au maire Christophe Rande, et Joël Laburthe, deuxième adjoint, à la cérémonie de la promotion d’élèves gendarmes de l’école de gendarmerie de Tulle. Christophe Rande, maire d’Estang, était là pour accueillir les personnalités militaires et les élèves de l’école de gendarmerie de Tulle.
Ils ont honoré leur parrain Michel Louis Capdeville.
Ces élèves gendarmes souhaitaient honorer leur parrain Michel Louis Capdeville. Déjà, devant l’ancienne gendarmerie, Jean-Claude Capdeville et son frère André, très émus, attendaient ces jeunes gendarmes qui avaient choisi leur père Michel Louis Capdeville comme parrain.
À 11 heures, la délégation d‘une vingtaine d’élèves gendarmes accompagnés de leurs formateurs, est arrivée de Tulle, et rapidement a pris place devant l’ancienne gendarmerie, lieu où tous les ans commence la cérémonie du 3 juillet, commémorant le passé douloureux du village gersois. Journée tragique du 3 juillet 1944, où les allemands ont organisé des représailles sur les estangois et estangoises.
Vendredi matin, Les élèves qui précédemment étaient adjoints volontaires et qui à l’école venaient de réaliser leur formation de sept mois pour être gendarmes sous-officiers, ont témoigné de leur grand respect qu’ils avaient pour leur aîné et parrain. Après avoir présenté aux officiels, un portrait de Michel Louis Capdeville, un élève, au nom de tous ses camarades de la promotion, a lu le parcours exemplaire de leur parrain.
Michel Louis Capdeville sa vie et son engagement
« Michel Louis Capdeville est né en 1913, il s’est marié avec Germaine Malet à Larrivière Saint-Savin (40115). Il fut admis en gendarmerie le 16 avril 1935 et nommé gendarme le 15 novembre 1935, puis fut affecté le 1 juin 1941 à la compagnie de gendarmerie du Gers et plus précisément à la brigade territoriale d’Estang.
Gendarme et résistant
Tout en continuant son service normal au sein de la gendarmerie, il a intégré le 1 octobre 1943 les Forces Françaises de l’Intérieur (FFI) du Gers au sein de l’armée secrète du Groupe Parisot. Il a rejoint également, en même temps, le réseau « Denis Aristide Buckmaster » au sein des Forces Françaises Combattantes ( FFC) le 1 janvier 1944. Pour sa mission dans les FFC, il prend le grade de sous-lieutenant par équivalence.
Durant le conflit de la Seconde Guerre Mondiale, le gendarme Michel Louis Capdeville aura eu un rôle important au sein de la résistance dans le Gers. Il n’a jamais pris part activement aux combats armés opposant les maquisards aux troupes allemandes sur ordre de son commandant de compagnie, afin de continuer sa mission de gendarme et garder la fragile entente qui pouvait exister entre la gendarmerie et les forces allemandes.
Cependant, il aura mené bon nombre d’actions importantes pour soutenir les Forces Françaises de l’Intérieur et les Forces Françaises Combattantes dont il faisait partie.
Au mois d’octobre 1943, il rejoint le groupe « Parisot », formation Estang Villeneuve. Il aura eu, au sein de la résistance du Gers, un rôle de l’ombre qui fût très important. Il aura servi de relais de communication entre les différents services et groupes de la résistance. Il a participé au réapprovisionnement des différentes troupes armées que ce soit en transportant les ravitaillements aux maquisards les plus isolés ou alors, en récupérant et en acheminant les armes larguées par parachutes pour les différents combattants. Il a effectué ces missions de jour comme de nuit, tout en continuant d’assurer son rôle de gendarme au quotidien.
Son arrestation
Le 3 juillet 1944, il est arrêté par les allemands dans sa brigade avec son chef de brigade l’adjudant Verdier et le gendarme Melignier. Les allemands ont quelques jours plus tôt, subi une attaque par les troupes du maquis « Parisot ». Ils se sont donc vengés et ont attaqué les dites troupes à proximité du village d’Estang où ils ont fait prisonniers femmes et hommes et ont fusillé des otages en guise d’exemple. C’est au retour de ce conflit que les allemands se sont arrêtés dans le village et ont pénétré dans la gendarmerie, là où les allemands ont arrêté le gendarme Capdeville.
À la suite de son arrestation, il est transporté à Mont-de-Marsan où il sera interrogé. Jamais Michel Louis Capdeville ne donnera la moindre information.
Sa déportation et son décès
Le gendarme Capdeville a été ensuite déporté au départ de Bordeaux le 9 août 1944. Direction le camp de Dachau en Allemagne où il arriva aux alentours du 26 août 1944 et prendra le matricule 93926. Par la suite, il a été transféré au camp de Mauthausen en Autriche où il lui sera attribué un nouveau matricule le 97800. Lors de son séjour en Autriche, il sera affecté au Kommando de Melk, dépendant du camp de Mauthausen. Le but de ce Kommando est la construction d’une usine de roulements à billes pour la firme d’armement Steyr, Daimler et Puch. Il décédera de fatigue le 25 décembre 1944 à Melk, lors de cette dernière déportation. Il laisse derrière lui sa femme Germaine Malet et leurs trois fils, Claude Jean Capdeville, né le 7 novembre 1937 à Ibos , Gilbert René Capdeville né le 2 janvier 1942 à Estang et André Jacques Capdeville né le 12 mars 1945 à Grenade -sur- l’ Adour.
Ses décorations
Pour tous ces actes au service de la nation et de bravoure, il sera décoré à titre posthume le 11 mars 1953 de la médaille de la résistance française et de l’ordre de la légion d’honneur. Il lui sera également établi un certificat de décès portant la mention « Mort pour le France ».
Les valeurs qui ont animé ce gendarme devenu parrain de la 62e promotion
Ce gendarme a toujours su démontrer son sens du devoir, son courage et son abnégation qui l’ont conduit jusqu’au sacrifice, tout en prouvant sa loyauté puisqu’à aucun moment il n’a délivré la moindre information dont il avait connaissance.
Ce militaire illustre parfaitement toutes les valeurs de la gendarmerie, attendues de tous les élèves gendarmes de la 62e promotion. Aujourd’hui et demain nous sommes fiers d’être les héritiers du gendarme Capdeville. »
La fin de la cérémonie
Les élèves ont entonné un chant composé par eux en l’honneur de leur parrain et des valeurs qu’il leur a communiquées par son exemple. Le dépôt de la gerbe et l’hymne national ont clôturé cette cérémonie qui laissera chez tous les témoins un souvenir de cette belle tradition, qui maintient des liens transgénérationnels toujours biens vivants dans la gendarmerie.
Estang se souvient
Le village d’Estang depuis cette tragédie du 3 juillet 1944, tous les ans, commémore avec beaucoup de fidélité et de respect, cette journée. Depuis l’ancienne gendarmerie, jusqu’au mémorial , la population avec les élus du village et des bourgs voisins se rendent à pied jusqu’au mémorial .
Une journée commémorative chargée de beaucoup d’émotions, où est retracée la journée du 3 juillet 1944, notamment l’arrivée à Cazaubon des deux compagnies de soldats allemands basées à Mont-de-Marsan, la répression au château de Bégué et les deux embuscades tendues par les membres du bataillon de l’Armagnac. Hélas, le scénario ne se déroula pas comme prévu et le combat s’engagea au nord du village d’Estang, puis rapidement dans tout le village.
Les victimes
Nous savons que la première victime fut Louise Cazauran, qui, voulant fermer ses volets, fut prise pour cible et mortellement blessée. En voulant lui porter secours, ses voisins, André Pupkiewiez, Jean Coupaye et Paul Sansoulh furent arrêtés. Viendront ensuite Alfred Duclaux et Jean Bartherotte, interpellés dans sa maison. Les gendarmes et leurs familles furent alignés sous la menace des armes, sur le bord de la route. Les civils, à leur tour, furent interpellés et regroupés devant les arènes.
Merci aux élèves de l’école de Tulle
La cérémonie des élèves gendarmes de Tulle a aussi apporté aux villageois d’Estang , les détails de la vie de Michel Louis Capdeville, détails qu’ils n’avaient pas.
Les militaires de Tulle ont ainsi écrit avec leur parrain une nouvelle page historique et humaine de leur village, qu’ils pourront transmettre aux nouvelles générations. À l’issue de la cérémonie,
Jean-Claude Capdeville a évoqué les souvenirs de son enfance:
« Ce jour-là, les allemands nous ont alignés devant la gendarmerie. Le soir, la maison où nous dormions, a été incendiée, alors nous sommes revenus à la gendarmerie. Le lendemain, avec les autres villageois, nous sommes partis nous cacher dans les forêts. Nous avions caché les vélos par des fougères, et les avions allemands survolaient toute la campagne. Quand nous sommes revenus à la gendarmerie, le sol de la cour était couvert de douilles, témoignage des forts combats qui avaient eu lieu. »